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Agriculture durable et rémunération du carbone : comment les entreprises peuvent-elles aider les agriculteurs locaux à avoir un impact global?
04 Avril 2022

Agriculture durable et rémunération du carbone : comment les entreprises peuvent-elles aider les agriculteurs locaux à avoir un impact global?

5 minutes de lecture
Project stories Climate risks & opportunities
Esther Mertens
Esther Mertens Head of EU Projects, South Pole
Adeline de Lamar Manager, Project Development - EU Projects

L'agriculture est responsable à elle seule de 10 % de nos émissions annuelles de CO2 et peut avoir, en fonction des pratiques mises en oeuvre, un impact négatif à long terme sur la biodiversité, les écosystèmes et la sécurité alimentaire.

L'agriculture régénératrice est l'une des alternatives au système industriel traditionnel : le système agricole est repensé de manière à travailler en harmonie avec la nature, permettant ainsi aux sols de stocker davantage de CO2. Les certificats carbone issus de projets d'agriculture régénérative certifiés permettent alors aux organisations de réduire leur empreinte carbone, tout en fournissant des sources de revenus alternatives aux agriculteurs qui mettent en œuvre ces techniques d'amélioration des sols.

Lorsque l'on parle d'environnement, l'agriculture est souvent pointée du doigt. Elle occupe la moitié de la surface habitable de la planète et génère 10 % des émissions mondiales annuelles de CO2. Et si elle pouvait également faire partie de la solution ? Si l'une des pistes de lutte contre le changement climatique se trouvait en fait et depuis toujours sous nos pieds ?

Le potentiel de conversion des terres agricoles en puits de carbone est énorme. À l'échelle mondiale, la matière organique du sol capte et contient près de quatre fois plus de carbone que l'atmosphère ou la végétation terrestre !

En creusant un peu, on s'aperçoit qu'il y a de nombreux avantages à capter davantage de carbone dans nos sols grâce à des techniques "d'agriculture régénératrice", qu'il s'agisse de réduire les concentrations de CO2 dans l'atmosphère, de renforcer la sécurité alimentaire, de créer une résilience des écosystèmes face aux changements climatiques, ou encore de préserver la biodiversité.

Nous avons aujourd'hui besoin d'une révolution agricole et d'une plus grande implication des entreprises dépendantes de ce secteur, afin de soutenir les agriculteurs dans leur transition.

Les techniques agricoles conventionnelles contribuent à la dégradation des écosystèmes et au réchauffement climatique.

Près de la moitié des terres cultivables au niveau mondial ont été converties en terres cultivées, en pâtures ou en prairies. Encouragée par la perspective de réaliser des économies d'échelle, l'agriculture intensive a pourtant de graves conséquences sur nos écosystèmes naturels.

La surexploitation, l'utilisation excessive d'intrants chimiques et les monocultures contaminent et épuisent les sources d'eau, provoquent l'érosion des sols et dans certains cas la destruction d'habitats entiers. L'agriculture est l'une des plus grandes menaces pour la biodiversité : l'agriculture est ainsi répertoriée comme un danger pour plus de 29,000 sur les 32,000 espèces considérées comme menacées d'extinction sur la Liste rouge de l'UICN.

Des études montrent que les sols ont déjà perdu 50 % à 70 % du carbone qu'ils contenaient autrefois. Cela signifie évidemment une augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, mais le carbone est également l'élément central de la fertilité des sols. Au cours des 40 dernières années, la proportion de terres cultivables et fertiles a chuté d'un tiers. Alors que la population mondiale est en pleine croissance, la question se pose : pourrons-nous subvenir aux besoins des générations futures en continuant à ce rythme ? Quelles solutions peut-on envisager ?

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Source: courtesy from Soil Capital, credit: Red Zeppelin

Agriculture régénératrice : de nouvelles pratiques à impact environnemental positif

Bien qu’il n’existe pas de définition unique pour l’« agriculture régénératrice », le terme se réfère généralement aux pratiques agricoles qui permettent la régénération des sols, tout en favorisant la biodiversité et en maximisant la séquestration du carbone atmosphérique, de sorte que les fermes soient capables de produire des aliments de haute qualité et riches en nutriments – tout en ayant un effet positif sur l’environnement.

Bon nombre de ces pratiques agricoles régénératrices sont basées sur des méthodes connues depuis des milliers d’années, notamment:

  • Stopper la perturbation du sol (remuage dû notamment au labourage industriel)
  • Stopper l’utilisation de pesticides et d’engrais synthétiques
  • Maximiser la couverture du sol grâce aux racines vivantes et au paillage
  • Favoriser la biodiversité en évitant les monocultures
  • Combiner l’élevage avec les cultures et la présence d’arbres dans les écosystèmes agroforestiers ou sylvopastoraux
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A gauche, un sol dégradé géré par l'agriculture conventionnelle présentant des signes d'érosion. Au centre, un sol provenant d'une ferme mettant en œuvre des pratiques d'agriculture régénératrice dans lequel les racines peuvent mieux pousser et où la vie microbienne se développe. A droite, un sol vivant et sain provenant d'une forêt, présentant une fertilité et une stabilité naturelles maximales.

Comment soutenir l'agriculture régénératrice ?

South Pole a lancé avec Soil Capital un projet novateur. Soil Capital est une société indépendante de gestion agricole et d'agronomie qui vise à encourager la transformation des pratiques agricoles et à restaurer la santé des sols dans les exploitations à travers l'Europe et particulièrement en Belgique et en France, pays qui représentent la plus grande part des terres agricoles de l'UE-28. Ce projet est une réelle innovation, et le premier à s'étendre au niveau international. Le programme collabore avec les agriculteurs afin d'identifier les actions les plus efficaces pour améliorer leur rentabilité et leur capture des gaz à effet de serre.

Avec les pratiques de l'agriculture régénératrice, les terres agricoles qui étaient source d'émissions de gaz à effet de serre deviennent aptes à en séquestrer : en d'autres termes, elles deviennent un puits de carbone. La réduction ou la séquestration des émissions de CO2 par les sols est ensuite mesurée et vérifiée par un tiers, conformément aux exigences de la norme internationale ISO 14064-2, et conduit à la délivrance de certificats carbone.

Soil Capital a ainsi construit un marché carbone agricole robuste et crédible, tout en apportant une réelle valeur ajoutée aux agriculteurs. Plus de 600 agriculteurs en Belgique et en France ont déjà rejoint le programme et ont contribué avec succès à réduire et à éliminer plus de 25 000 tCO2 de l'atmosphère au cours de la première année. Les certificats sont ensuite mis sur le marché par South Pole et proposés à des entreprises souhaitant compenser leurs émissions, tout en soutenant activement les agriculteurs locaux. Ces agriculteurs reçoivent alors des revenus supplémentaires pour chaque tonne de CO2 réduite ou séquestrée.

« Il est excitant de voir ce que la nature peut faire lorsqu'on travaille avec elle. Être payé pour le carbone que je stocke me permettra de prendre plus de risques et d'expérimenter davantage dans ce domaine.» Cédric Fernagut, agriculteur belge (Harmignies).

Du côté des acheteurs, Cargill, acteur mondial de l'industrie agroalimentaire, s'est engagé dans le processus en achetant des certificats : « Ce partenariat nous permet de continuer à investir dans la santé des sols, et ainsi améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs tout en réduisant les émissions de GES », explique James Ede, responsable du développement durable au sein de la division Amidon, édulcorants et texturising de Cargill EMA.

Qu'il s'agisse d'atteindre des objectifs climatiques en ligne avec la science, -science based targets(réduction des émissions au sein de la chaîne de valeur) -, de s'engager vers la neutralité carbone ou d'agir au plus proche de leur chaîne d'approvisionnement, les entreprises ont aujourd'hui l'opportunité de participer à la révolution agricole régénérative.

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Le trèfle blanc est cultivé comme paillis entre le maïs fraichement récolté . Belgique, 2018. (Image fournie par Soil Capital)

Pour en savoir plus sur les projets agricoles du futur, cliquez ici.
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