Une étude récente de We Mean Business a également estimé à 4,1 billions de dollars le financement de projets de solutions fondées sur la nature nécessaire en vue d'atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Et lors de la Journée de la Terre, plusieurs millions de personnes se sont ralliées sous le hashtag : #InvestInOurPlanet.
Pourtant, force est de constater que 93 % des entreprises n'ont encore engagé aucune action pour se lancer dans une transition climatique.
Cela doit absolument changer.
Pour avoir un réel impact positif sur le climat, les entreprises doivent faire preuve d'intégrité et innover dans leurs investissements.
Cela soulève 2 questions :
Le Marché Volontaire du Carbone permet aux entreprises de financer des activités et des projets certifiés favorisant la transition climatique mondiale. Implantés partout dans le monde, ces derniers permettent de nombreux co-bénéfices sur la biodiversité et le développement des communautés locales.
Les investissements dans les solutions climatiques sont parfois délicats à appréhender : ils impliquent généralement des transactions groupées, des risques liés au taux de change et des modèles de gouvernance parfois complexes. Les marchés du carbone considèrent en outre le plus souvent les communautés, les agriculteurs et les propriétaires terriens locaux comme des partenaires commerciaux, et non comme un investissement direct avec un retour attendu. Le retour ou l'évaluation même du succès de ces projets n'est pas nécessairement financier - ils s'appuient sur les impacts positifs mesurables sur l'environnement et le développement durable de la société, via la mise en œuvre d'activités transformatrices et la préservation d'écosystèmes. Dans ce contexte, l'existence d'un marché structuré et s'appuyant sur des normes et certifications internationales est essentiel, puisqu'il permet de canaliser des flux financiers vers des projets bénéficiant d'un suivi et d'audits réguliers et indépendants, garantissant leur impact positif sur le climat.
Le potentiel de développement du MVC est énorme : au cours des sept prochaines années, le MVC pourrait être multiplié par 13 et éviter ou séquestrer jusqu'à 2,6 GT de gaz à effet de serre, ce qui représenterait jusqu'à 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La finance carbone et le soutien à des projets climatiques certifiés permettent aux entreprises d'avoir une action directe et immédiate sur le changement climatique, et la mitigation de ses impacts. Ces investissements doivent s'inscrire dans une stratégie globale, selon les principes suivants :
L'écosystème du Marché volontaire du carbone (MVC) est encadré par des normes et des méthodologies de certification et se compose de nombreux acteurs : développeurs et propriétaires de projets, propriétaires fonciers, auditeurs indépendants ou organismes industriels tels que l'Alliance internationale pour la réduction et la compensation des émissions de carbone (ICROA). Si le MVC n'est aujourd'hui pas réglementé par les États, ces acteurs mettent en place les normes et les mécanismes permettant de garantir les impacts réels et mesurables des projets climatiques.
La prise en compte des co-bénéfices liés aux projets au-delà de la dimension carbone constitue un gage de qualité supplémentaire, et parfois un critère de sélection des projets par les investisseurs privés. Le renforcement de la sécurité alimentaire et de l'accès à l'eau, à l'éducation ou aux soins de santé, la protection de la biodiversité ou encore la création de nouveaux moyens de subsistance durables en sont de parfaits exemples. Verra et Gold Standard, deux organismes de certification internationalement reconnus sur le marché volontaire du carbone, ont d'ailleurs conçu des outils de mesure et de nouvelles normes pour évaluer et certifier ces co-bénéfices de façon plus standardisée.
Dans l'optique de soutenir une transition juste vers le net zéro, la sélection de projets à fort impact positif sur la biodiversité et les communautés locales est essentiel, et l'attention portée par les investisseurs à ces co-bénéfices ne fait que croître.
Le respect de normes strictes en matière de comptabilisation du carbone, d'additionnalité, de garanties sociales, d'évaluation des impacts et de co-bénéfices liés aux projets sont indispensables au bon développement du MVC. Les standards et les méthodologies permettent de définir des critères de performance toujours plus avancés pour accélérer la transition climatique et fournir une structure au marché. Ces méthodologies évoluent afin de s'adapter de manière proactive et réactive au développement de nouvelles technologies et de nouvelles solutions.
South Pole a en l'occurrence largement participé aux débats autour de la complexité d'évaluation des projets fondés sur la nature, et notamment les projets REDD+ (voir les articles ici et ici), qui jouent un rôle essentiel dans la protection des forêts, la préservation de la biodiversité et la séquestration du carbone. La controverse par rapport à ces projets a mis en lumière l'évolution rapide des technologies et de l'accès aux données, et la nécessité de mettre en place des méthodologies et cycles d'évaluation réguliers pour ces derniers. Cette controverse a ainsi permis d'améliorer les méthodologies en vigueur, aidant le marché à gagner en maturité tout en permettant aux entreprises de continuer de soutenir des projets ambitieux aux forts impacts positifs.
“Chaque projet fait l'objet d'une période de consultation publique d'environ 30 jours, au cours de laquelle toute personne - qu'elle soit impliquée ou non dans le projet - peut faire part de ses commentaires. Ce degré de transparence et d'intégration des parties prenantes n'existe dans aucun autre outil de financement” — Chetan Aggarwal, Manager Sustainable Standards and Methodologies, South Pole.
Depuis plus de 17 ans, South Pole conseille et accompagne les entreprises et organisations dans l'accélération de leur transition climatique. Pour cela, nous soutenons le développement de projets innovants, tel que le projet NextGen CDR Facility entre South Pole et Mitsubishi Corporation. Cette dernière a déjà investi en vue de séquestrer près de 200 000 tonnes de CDR (Carbon Dioxyde Removal) à travers trois projets, dont le plus grand projet technologique d'élimination du carbone au monde. L'engouement et le montant de ces investissements dans des projets d'innovation témoignent de l'intérêt croissant des organisations pour les technologies d'élimination du carbone sur le long terme. Investir aujourd'hui dans le développement de ces solutions permettra de rendre celles-ci plus facilement disponibles et à des prix abordables dans le futur.
Alors que le changement climatique s'accélère, il est impératif de réduire dès maintenant nos émissions et de revoir notre système économique mondial. Aujourd'hui, plus que jamais, nous sommes soumis à une pression considérable pour investir massivement dans une transition sûre et durable des communautés et des gouvernements. Le Marché volontaire du carbone est l'un des outils accessibles aux entreprises pour assumer la responsabilité de leur empreinte tout en décarbonant leurs activités d'ici à 2030.
Les marchés du carbone permettent de financer de nouvelles solutions technologiques dans la transition climatique, mais également de quantifier la valeur du capital naturel et de définir le coût des émissions de carbone par rapport aux impacts négatifs qu'elles engendrent. Utilisé efficacement, le marché volontaire du carbone finance ainsi l'action climatique à grande échelle tout en garantissant des avantages réels et mesurables à notre écosystème naturel ainsi qu'aux communautés les plus menacées par la crise climatique.
