Les données scientifiques mettent en évidence que le changement climatique augmente fortement l'occurrence d'événements climatiques extrêmes. Quels sont ces événements, à quelle échelle se produisent-ils, et quelles solutions les entreprises peuvent-elles mettre en place pour mitiger les conséquences de ce changement ?
Aujourd'hui, plus de 3,3 milliards d'êtres humains, et de nombreuses espèces vivantes sont déjà fortement vulnérables au réchauffement climatique, et il suffit de repenser aux événements de cet été pour avoir une idée de ce qui nous attend.
En août, la ville d'Abadan en Iran a atteint les 53°C. Il s'agit non seulement de la température la plus élevée au niveau mondial en 2022 mais aussi de la plus haute température enregistrée par la ville. Ces températures extrêmes ont favorisé l'apparition d'incendies à répétition dans de nombreux pays, comme la France, qui a vu plus de 62 000 hectares de forêt brûler depuis le début de l'année ou le Royaume-Uni, où les incendies ont entraîné l'évacuation de nombreux Londoniens et obligé la ville à se placer en alerte rouge canicule. Au-delà de l'Europe et du Moyen-Orient, les communautés asiatiques ont également été témoins des impacts sans précédent du changement climatique local : le Yangtsé, le plus long fleuve de Chine et le troisième plus grand du monde, serait descendu à son plus bas niveau depuis 150 ans.
Selon les mots de Jean Marc Jancovici, membre du Haut Conseil pour le Climat, “les événements de cet été ne vont pas devenir la norme mais “la borne inférieure" de la nouvelle normalité “.
Quelles conséquences et pistes d'action pour les entreprises ?
Au-delà du bilan humain catastrophique et de l'impact gravissime sur la biodiversité et les espèces vivantes, le GIEC* alerte régulièrement sur les conséquences économiques du dérèglement climatique. Les événements climatiques extrêmes récents ont réduit la sécurité alimentaire et l'approvisionnement en eau, et ont freiné la croissance de la productivité agricole ces 50 dernières années. Ils ont causé des dégâts sur les infrastructures, les transports, la gestion de l'eau et de l'assainissement, causant des pertes économiques et des interruptions des services de base.
Aux Etats-Unis par exemple, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique rapporte que les huit années les plus chaudes enregistrées ont toutes eu lieu depuis 2010 et les catastrophes météorologiques ont causé plus de 100 milliards de dollars par an en moyenne durant cette période. 2021 a été la seconde année consécutive à voir survenir au moins 20 catastrophes naturelles qui ont coûté chacune plus d'un milliard de dollars. Ces catastrophes ont coûté 50 milliards de dollars de plus qu'en 2020.
Le secteur de l'agriculture est également fortement touché. En Suisse par exemple, à cause d'un manque d'eau important, les éleveurs se font ravitailler par camion pour assurer l'hydratation des bêtes, ce qui entraînera probablement une réduction de la production laitière de 20 à 30%. En France, la sécheresse engendre une chute de la production de la nourriture pour les bêtes, et donc l'augmentation des prix, qui se répercute sur le prix du lait. En parallèle, le gouvernement chinois a dû débloquer 10 milliards de yuans (près d'1,5 milliard d'euros) pour soutenir les agriculteurs face à la sécheresse.
On observe aussi des dommages économiques sur la production énergétique, comme en Chine où l'assèchement des cours d'eau qui alimentent les barrages hydrauliques force les autorités à rationner localement l'électricité, notamment au Sichuan où les 84 millions d'habitants dépendent à 80% de cette source d'énergie. Pour atténuer la pénurie d'énergie, la Chine a augmenté la production et les importations de charbon pour produire de l'électricité.
En France, plusieurs réacteurs nucléaires ont dû réduire leur production d'électricité à cause de la trop forte température des cours d'eau qui servent à refroidir les centrales. Déverser de l'eau trop chaude dans ces cours d'eau pourrait endommager les écosystèmes, sachant que des dérogations ont déjà été accordées, pour élever la température maximale à ne pas dépasser.
Le réchauffement climatique a déjà des conséquences visibles sur nos vies. Si les raisons économiques sont souvent un frein à l'action, de plus en plus d'initiatives privées et d'innovations réglementaires voient le jour pour augmenter le niveau d'ambition, au vu des coûts grandissants des dégâts causés par les événements climatiques extrêmes.
Il est donc encore temps d'agir pour les gouvernements et les villes en mettant en place les bonnes solutions d'adaptation et d'atténuation des effets du dérèglement climatique. Ces mesures peuvent générer de multiples co-bénéfices, en plus de la réduction des risques et dommages directs, comme l'amélioration des sols agricoles, l'innovation, la santé et le bien-être, la sécurité alimentaire ou la protection de la biodiversité.
Prendre des mesures ambitieuses dès maintenant pourrait donc nous coûter moins cher que de subir sans agir et cela pourrait même s'avérer bénéfique du point de vue économique, grâce, entre autres, à la création de nouveaux emplois. Pour augmenter nos chances de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, le GIEC estime qu'il faudrait que le pic des émissions de GES soit atteint entre 2020 et 2025.
Les recommandations du GIEC sont claires :
Pour accélérer l'action climatique, les entreprises ont un rôle majeur à jouer. De par leurs actions et la communication d'une stratégie concrète et solide, les entreprises incitent les gouvernements à l'action et la mise en place d'actions concrètes en faveur de la transition environnementale. Mais c'est maintenant qu'il faut agir.
*GIEC : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
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Pionnière sur le front de la lutte contre le changement climatique et plus grand fournisseur de solutions climatiques et développeur de projets carbone au monde, South Pole conseille et accompagne les entreprises et institutions à travers le monde dans la définition et la mise en œuvre de stratégies de durabilité intégrées et ambitieuses, à la hauteur des enjeux climatiques.